Une oeuvre s’est imposée pour ouvrir ce cycle, Beyrouth Fantôme premier long-métrage de Ghassan Salhab, figure de proue de la nouvelle génération de cinéastes libanais.
Remarqué pour son écriture très originale, ce film mêle la fiction et le documentaire en donnant la parole aux comédiens. Il expose les souvenirs d’un passé douloureux que beaucoup souhaiteraient oublier.
Le cinéma libanais a affirmé son identité vers la fin des années 1970. C’est donc tout naturellement que nous avons choisi de présenter le travail de personnalité telles que Borhane Alaouié, Jocelyne Saab, Randa Chahal-Sabbag (et d’autres encore…), pionniers d’un cinéma d’auteur.
La vitalité et la créativité de ce cinéma ne se sont pas démenties comme le montrent les films de la génération suivante.
Ce cinéma est marqué par la permanence des nombreux conflits armés que le pays a traversé et traverse. La plupart des films _fictions ou documentaires_ se déroulent dans les ruines de Beyrouth, et les protagonistes racontent la violence et les dangers vécus au quotidien par les Libanais depuis plus de trois décennies.
Il sera donc bien entendu question des guerres (et non de la guerre) au cours de cette manifestation mais aussi du travail de mémoire, à l’œuvre dans les productions plus récentes.
En effet, depuis les années 2000, la production est en plein essor et les films réalisés pendant et à la suite de la dernière guerre de l’été 2006 montrent à quel point le cinéma est devenu un mode d’expression privilégié.
Ainsi, Chou Sar, réalisé par De Gaulle Eid, qui retrace un voyage guidé par la volonté de revenir sur un traumatisme, a été censuré au Liban et fera ici l’objet d’une projection inédite. D’autres encore témoignent pour lutter contre l’oubli. C’est le cas d’un grand nombre de courts-métrages mais aussi de documentaires tels que Massaker (2004) de Borgmann, Slim et Theissen, Khiam 2000-2007 (2008) de Hadjithomas et Joreige, ou de fictions de Ghassan Salhab tels que Terra Incognita (2003) ou Beyrouth fantôme (1998).
La sélection d’Aflam revient également sur des œuvres peu diffusées, à l’instar des deux premiers longs-métrages de Maroun Baghdadi, Beyrouth ô Beyrouth (1975) et Petites guerres (1982), deux films cultes de la production cinématographique libanaise, ou encore mais aussi du film, Le vendeur de bagues (1965) de Youssef Chahine témoignage d’une époque où le cinéma libanais sollicitait le concours de réalisateurs étrangers.